Flash back ... Hiver 1459

Messages : 3 Date d'inscription : 10/04/2012

{Flash back … Hiver 1459}

Condamnée, abandonnée et chassée. Tel avait été le verdict, tel était désormais son sort. Et non seulement le sien mais aussi celui de sa fille, une enfant de 6 ans que l’on condamne pour n’avoir pas su être adulte à la place d’autres… Rone, trop peinée de voir une fois de plus ses parents se déchirer, n’avait pas voulu sans doute choisir entre eux. Au moment de quitter le campement, la gamine restait introuvable et c’est le cœur plus brisé par son absence que par tout ce que d’autres « adultes » avaient cru lui infliger, qu’Isa quitta le campement, emmenant avec elle les 3 autres enfants.
L’écossais non plus n’avait pas été épargné. Soulagement peut-être pour lui qui lui avait confié ne plus vouloir rester… mais au fond, en était-il vraiment persuadé ? Très vite, leurs chemins s’étaient séparés. Il n’avait pas souhaité l’accompagner à Niort où elle voulait se débarrasser d’un mandat au plus vite. Il préférait rentrer chez lui et elle n’avait pas eu le cœur de le supplier pour qu’il l’accompagne.

Elle avait cheminé seule avec les enfants, portant Aelia chaque fois que ses petites jambes refusaient de la mener plus loin. Mais l’humidité et la froideur persistante des marais eurent raison de la santé précaire de la petite fille. Depuis son enlèvement, ses poumons s’étaient fragilisés, et une toux persistante l’accaparait. Le manque de nourriture et d’un logement chauffé et sec achevèrent petit à petit la gamine. Accablée par la fièvre et la toux qui lui arrachait les poumons, elle s’éteignit à l’aube, entourée de ceux qui jamais ne l’avaient quittée.

Que peut faire une mère quand la vie qu’elle a donnée s’en retourne à l’éther ? La douleur ressentie en un tel moment est bien pire encore que celle de l’enfantement. Tenir dans ses bras l’être tant aimé, et – peut-être pour la première fois – ressentir ce sentiment d’avoir échoué….
Lorsque même les larmes se tarissent, que le silence et le froid lentement partout s’immiscent, un petit corps froid et rigide s’en retourne à la terre, protégé, enfouit sous une plate pierre …

La neige tombait depuis quelques jours déjà, trempant guenilles et chausses. L’allure des voyageurs ralentissait au fil des jours et c’est un trio épuisé qui frappa ce soir-là à la porte du prieuré. L’accueil des moines fut chaleureux pour ces premiers vagabonds que leur amenait l’hiver. Les enfants et leur mère furent nourrit et autorisés à quelques ablutions. Des vêtements simples leur furent remis et des couches attribuées, dans la grande salle d’accueil encore déserte. En échange du gîte et du couvert, Isa mit ses talents de couturière au service de la communauté.
C’est aussi durant ce séjour qu’Isa pu poser au pied du Très Haut les peines et les poids qui encombraient son cœur et sa vie. Elle assistait aux offices de la journée avec les enfants, avait appris comme eux à prier avec les moines et quelques discussions à cœur ouvert avec le père abbé avaient rasséréné la jeune femme. Oh elle n'était pas encore convertie pour autant ! Mais c’est l’âme en paix qu’elle retrouva petit à petit une détermination qui jusque là avait été mise en veille.
Sa vie allait prendre une autre tournure. Corleone elle était, Corleone elle resterait. Missive fut envoyée, réponse arriva et début janvier, le trio repartit sur les routes.

Après plusieurs jours de marche, ils arrivèrent face à la porte… derrière celle-ci, la famille, la paix, le repos et la protection.

Admin Messages : 88 Date d'inscription : 08/01/2012 Age : 34

La famille, c'est sacrée. Et ce n'était pas chez les Corleone que l'on allait contredire cette expression. Peut-être cela venait-il de leur sang italien, peut être pas, mais jamais un membre en laisserait un autre dans la panade, quelques soient leurs idéaux. Du côté obscur ou du côté de la Lumière, ils s'entraidaient et se protégeaient, sans pour autant demander compensation.

Une lettre fut reçue. Longue, explicative. Lettre d'un membre que la Famiglia qui demandait asile. Elle avait appris, surement, que la Tatouée avait récupéré la tête des Corleone et avait décidé de la contacter directement, presque implorante. Une lettre renvoyée, positive ; la Tatouée était prête à accueillir cette douceur dans son antre bien calme ces derniers temps. Au moins, Isa serait en sécurité ici, parmi les Déchus.

_____

Rodrielle regardait par la fenêtre l'arrivée de sa... cousine ? Bref, d'Isa Corleone. Elle n'était pas loin et ne devait pas tarder. Et ce fut le cas, en fin de journée. La Tatouée ne la fit pas attendre et rejoignit la grille à pas pressé. Fralis et Elouan ne devaient pas être loin et devaient s'apprêter à rencontre une autre membre de leur nouvelle famille. La grille fut atteinte et l'italienne sourit, prenant tout de suite son rôle de protectrice en main.

Benvenuto.

Ne sachant pas réellement quel comportement avoir, la Tatouée ne fit qu'ouvrir la grille et l'invita à entrer. Accolade ou pas accolade ? Telle allait être la question.

Messages : 3 Date d'inscription : 10/04/2012

Les jumeaux furent poussés vers l'ouverture et leur mère les suivit, se retournant, geste devenu réflexe depuis des mois, pour s'assurer que les alentours étaient déserts et que personne ne les verraient. Un regard à la nouvelle maîtresse des lieux. Elle n'avait aucun point commun, du moins physiquement, avec Zia. Du moins à priori. Mais le geste qu'elle faisait ce jour-là - même si Isa savait que les liens familiaux étaient très forts au sein des Corleone - Sad l'avait fait pour elle quelques années auparavant ... et en passant la grille, la jeune mère se souvint de ses retrouvailles de l'époque.

Benvenuto

Un seul mot ... une délivrance. Isa eu l'impression qu'un poids énorme venait de tomber de ses épaules. Elle était arrivée au bout du chemin. Elle allait pouvoir enfin poser ses effets, mais aussi ses enfants et toutes ces peines et ces journées de lutte pour survivre. Ses yeux croisèrent ceux de la blonde . Ses lèvres cependant restèrent scellées. Alors, elle posa simplement la main sur l'épaule du chef de famille et la serra, doucement car les forces pour en faire d'avantage manquaient. Ce geste et le regard intense où perçait une émotion palpable furent les seules marques de remerciement que la jeune femme pu exprimer. D'autres viendraient, sans doute, plus tard.

La brune parcourut l'endroit du regard. Un vaste espace arboré, fermé de toutes parts ce qui la rassura pour la sécurité des enfants, et quelques bâtiments qu'elle distinguait vaguement un peu plus loin. Si elle avait du imaginer un jour le paradis, c'est sans doute à cet endroit qu'il ressemblerait. L'antre des Corleone se révélait un lieu apaisant, tel que le lui avait décrit Sad. Nul doute que c'était ici qu'elle allait pouvoir se reconstruire. Petit à petit les mots trouvèrent enfin le chemin des lèvres...

Quel bel endroit ... Merci de nous accueillir, Rodrielle. Je suis Isa Corleone et voici mes enfants : Goran et Lileia.

Les jumeaux s'étaient éloignés de leur mère de quelques pas et semblaient ressentir eux aussi ce soulagement intense que procure l'atteinte d'un but. Isa les rappela auprès d'elle et Lileia, toujours bien plus bavarde et hardie que son frère Goran, s'approcha de Rodrielle et du haut de ses 5 ans, elle lui dit :

Tu as une très jolie maison. J'aimerais beaucoup y rester toute ma vie . Est- ce que Rone est là aussi ?

Goran - qui n'était jamais très loin de sa jumelle - s'avança a son tour et tendit la main, sans encore ouvrir la bouche.

Admin Messages : 88 Date d'inscription : 08/01/2012 Age : 34

Le silence était d'or. Mais il n'y avait pas besoin de mots, entre elles, tout était compréhensible. De plus, l'italienne n'était pas fervente de toutes ces marques d'émotions, d'amour ou de remerciement. Elle faisait, ils acceptaient, et basta. Alors la Tatouée accepta l'étreinte et la rendit à Isa avant de sourire aux deux enfants. Elouan allait avoir de la compagnie. Rodrielle ferma alors les grilles et se tourna vers les trois nouveaux habitants du domaine. Isa ouvrit enfin la bouche, et l'italienne se détendit. Nouveau sourire.

Il n'y a pas de quoi, c'est normal entre nous. J'espère que le voyage n'était pas trop dur. Mais vous pouvez vous reposer à présent. Vous êtes en sécurité.

Comme une promesse qu'elle leur faisait. Elle ne savait encore de quel "côté" se trouvait Isa Corleone, mais elle le saura vite. Et puis, quitte à l'aider, l'italienne pourrait l'entraîner, lui apprendre les bases du combat qu'elle ne connaissait pas... Tout était faisable pour avoir de nouveaux membres dans son clan de damnés.

Une petite voix vint alors casser le silence pesant de la cour. Rodrielle se tourna vers la petite en souriant. Les enfants l'amadouaient trop facilement, avec leur visage tendre et leur innocence. Ah ! S'ils pouvaient rester comme cela ! La Tatouée s'accroupit alors devant la petite -toujours se mettre à auteur de l'enfant, parait-il- puis lui prit la main.

Merci, bella. Et tu pourras rester là avec ton frère et ta maman autant de temps que tu le voudras. Et non, Rone n'est pas là. Pas encore, je pense...

L'italienne se redressa et attrapa la main tendu de Goran. Puis elle se tourna vers Isa, interrogatrice. Ronea, d'après ce qu'elle avait compris, était une fille à Isa, plus grande. Surement viendrait-elle ici aussi mais l'italienne voulait avoir confirmation de la première concernée. Avant d'ajouter :

Aller, rentrons au chaud... On va prendre un bon verre de lait chaud.

Puis au petit groupe de rejoindre la cuisine.

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